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30 août 2011

Crise européenne


Aux racines de la
crise européenne

 

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L’Europe est devenue le maillon faible du capitalisme mondial. La crise économique et financière a débouché sur une crise des dettes publiques, aggravée par la nécessité pour les États capitalistes de renflouer des banques dont les bilans débordent de créances « pourries ». À son tour, cette crise de la dette a provoqué une crise de la zone euro, désormais menacée dans son existence même. Bousculée par la mondialisation capitaliste, l’Europe fait aussi et surtout face à ses propres contradictions.

Comme les analystes bourgeois le reconnaissent eux-mêmes, la « construction européenne » est restée bancale, orpheline d’un État même embryonnaire. Elle a été fondée sur un marché unique, puis sur une monnaie unique, mais sans unification des politiques économiques ni a fortiori sociales. Et après que les niveaux de développement ont semblé pendant un temps se rapprocher, la crise a révélé puis aggravé une divergence croissante entre les différentes économies de l’Union européenne.

Marché européen, monnaie européenne, mais intérêts nationaux

Le marché est européen, mais les intérêts qui pilotent l’économie restent avant tout nationaux. Les produits et services (comme les capitaux) circulent sans frontières, mais l’organisation de leur production reste déterminée fondamentalement par les bourgeoisies nationales. Pour dix-sept pays la monnaie est européenne, mais leur intégration économique est absente et il n’y a nulle harmonisation fiscale ni sociale – celle-ci étant même formellement interdite par les traités de l’Union européenne.
Loin des idéaux initiaux de coopération, l’Union européenne et l’euro organisent une concurrence exacerbée… d’abord entre les États européens eux-mêmes. Les seuls bénéficiaires en sont les grandes entreprises multinationales (1), libres de décider d’installer leurs sièges sociaux ou d’effectuer leurs facturations dans des paradis fiscaux (Luxembourg, Irlande…), ou encore de délocaliser leurs usines dans l’est européen où le coût de la main-d’œuvre et les impôts sont infiniment moins élevés que dans leurs pays d’origine.

Une totalité différenciée et hiérarchisée

L’Europe est une réalité historique et culturelle, et dans une certaine mesure (malgré les obstacles que place le capitalisme) économique. Son unification est une nécessité pour le progrès de tous les peuples, de toutes les sociétés qui la composent. Les conceptions libérales, présentes dès l’origine mais qualitativement aggravées par l’Acte unique (1986) puis le traité de Maastricht (1992), ont cependant démontré leur incapacité à la faire avancer dans cette voie.
L’Union européenne, et en son sein la zone euro, sont ainsi devenues des totalités de plus en plus différenciées et hiérarchisées, dans lesquelles les bourgeoisies des États impérialistes les plus puissants ont étendu leur influence, et même leur domination, au détriment des peuples des États les plus faibles.

L’euro, instrument des forts

Le marché unique a logiquement permis aux capitalistes offrant les produits ou services les plus performants et compétitifs, de gagner des parts de marché au détriment de leurs concurrents moins affûtés. L’euro, calqué sur l’ancien mark allemand, a aggravé la situation en imposant à des pays nettement moins développés, ou aux économies plus fragiles, une monnaie surévaluée au regard de leurs capacités.

La désindustrialisation massive de l’Espagne et de la Grèce a été en grande partie un corollaire et une conséquence de l’avancée des groupes capitalistes d’autres pays européens. En Espagne, la bourgeoisie et ses gouvernements – de droite ou « socialistes » – ont alors misé sur le secteur de la construction, qui a fait l’objet d’une spéculation effrénée alimentant une croissance largement artificielle, avant de s’effondrer lorsque la bulle immobilière mondiale a explosé, d’abord aux États-Unis.

En Grèce, le système a utilisé à fond les possibilités d’endettement facilitées par l’Union européenne, et qui profitaient avant tout à ses grandes banques (principalement allemandes et françaises) ; jusqu’à ce que le déclenchement de la crise mondiale mette à nu des déséquilibres que les marchés financiers ont alors considérés comme insoutenables.

Dans l’un et l’autre cas, les bourgeoisies nationales s’étaient adaptées de bon gré à la nouvelle division internationale du travail imposée par leurs homologues les plus fortes, et engagées à fond dans les nouvelles opportunités de profit basées sur les mécanismes spéculatifs. Aujourd’hui, toujours soutenues pas les institutions de l’Union européenne, elles se retournent violemment contre leurs classes exploitées, appelées à supporter tout le poids de la crise.

La crise de la dette et ses bénéficiaires

Les États les plus endettés de l’Europe du Sud ne le sont pas davantage qu’un pays tel que le Japon. Prise globalement, la dette publique des pays de la zone euro atteint 87 % de leur PIB, contre plus de 100 % pour les États-Unis d’Amérique. Mais les États-Unis, où les réalités économiques et sociales sont pourtant très différentes selon les territoires, ont une politique et des institutions économiques communes, capables de garantir en dernière instance la solvabilité des différents États. De même disposent-ils, comme le Japon ou la Grande-Bretagne, de la maîtrise de leur politique monétaire : capacité à émettre de la monnaie ou des obligations d’État, à racheter de la dette, à dévaluer ou réévaluer.

Rien de tel dans la zone euro, où les États les plus faibles n’ont aucun moyen de se défendre, en vertu de « l’orthodoxie financière », sanctionnée par le traité de Maastricht et renforcée aujourd’hui par le TSCG, qui traduit la volonté des bourgeoisies les plus puissantes de ne pas courir le moindre risque de devoir payer pour les autres. Dans cette situation, les pays à la fois les plus endettés et les plus fragiles deviennent des proies faciles pour les « marchés financiers ».

La Grèce supporte ainsi le poids d’une monnaie totalement surévaluée, tout en étant prise dans le carcan de traités européens qui lui interdisent toute politique autonome par laquelle elle pourrait tenter de se redresser. L’autre raison de la crise apocalyptique dans laquelle le peuple grec ne cesse de s’enfoncer est la volonté des bourgeoisies européennes de défendre à tout prix leurs profits, même si cela implique une spirale récessive qui aggrave encore les déséquilibres globaux de l’UE et de la zone euro.

 

Les (non) solutions bourgeoises

Jusqu’à présent, les gouvernements européens n’ont trouvé aucune solution cohérente viable pour remédier à cette crise. En couverture de son édition du 26 mai, l’hebdomadaire The Economist énonçait l’alternative posée selon lui à l’Europe : « rupture » ou « super-État ».

En précisant dans son article central : « Une voie mène à la disparition complète de l’euro, avec toutes ses répercussions économiques et politiques. L’autre implique un transfert de richesses sans précédent dans les frontières européennes et, en retour, un abandon correspondant de souveraineté. »

De fait, le sommet européen de la fin juin n’a débouché à nouveau que sur un bricolage : un peu (pas beaucoup) de transfert pour maintenir à flot les États les plus menacés, et un peu (plus) d’abandon de souveraineté. Ces derniers, au profit d’institutions européennes qui, comme on le sait, sont tout sauf dotées de la moindre légitimité démocratique. Avec toujours, au cœur, une austérité renforcée contre les travailleurs et les peuples.

Les États-Unis d’Europe contre l’Union européenne

La crise de l’Union européenne et de la zone euro mettent donc en évidence l’incapacité des capitalistes à unifier le continent, à organiser une coopération harmonieuse entre ses peuples, à libérer ses forces productives tout en les maîtrisant en fonction des besoins sociaux et environnementaux.

La vieille idée des États-Unis d’Europe apparaît chaque jour davantage comme une nécessité, mais il est tout aussi clair que la réaliser impliquera de mettre à bas l’échafaudage institutionnel et réglementaire de l’UE et de l’euro. Ce que seuls pourront accomplir des gouvernements au service des travailleurs, commençant à rompre avec la loi du profit.


(1) Le terme « multinational » se réfère ici au champ d’opération des grands groupes financiers, industriels et de services, non à leurs centres de décision et aux intérêts qu’ils représentent, qui restent essentiellement basés dans les vieux États nationaux.


Aux États-Unis, le fossé se creuse entre riches et pauvres

La moitié la plus pauvre de la population des États-Unis ne détenait plus que 1, 1 % de la richesse nationale en 2010, indique un rapport du Centre de recherche du Congrès.

Pourquoi les inégalités se sont-elles renforcées ?

Depuis l’entrée en fonction de George Bush en 2001, le fossé entre riches et pauvres s’est encore accru aux États-Unis. La part de la richesse américaine détenue par la moitié la plus pauvre de la population a été pratiquement divisée par trois en dix ans, chutant de 2, 8 % à 1, 1 % en 2010, indique un rapport du Centre de recherche du Congrès des États-Unis.

Parallèlement, les Américains les plus fortunés se sont enrichis. 1 % de la population possède désormais près de 35 % de la richesse nationale (+2 points de pourcentage) et les 10 % les plus riches en détiennent 75 % (+5 points).

La croissance tendancielle des inégalités serait largement imputable à la politique de baisse des impôts menée dans le pays. Mais la récession a encore creusé le fossé. L’appauvrissement de la moitié la moins riche de la population s’est fortement accéléré à partir de 2007. Sa part des richesses a chuté de 2, 5 % à 1, 1 % en trois ans, et jamais depuis dix-sept ans le pays n’a compté autant de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (15 % de la population en 2010).

Le phénomène est-il propre à ce pays ?

À l’échelle mondiale, 25 millions de millionnaires, représentant 0, 5 % de la population, concentrent à eux seuls 36 % de la richesse de la planète, selon le rapport 2011 sur la richesse mondiale de Crédit suisse. Un rapport récent de l’OCDE montre que ces trente dernières années, les écarts de revenus se sont accentués dans la grande majorité des pays développés.
Le coefficient de Gini, qui mesure l’inégalité des revenus sur une échelle de 0 à 1, est passé en moyenne de 0, 29 à 0, 32 pour l’OCDE entre 1985 et 2008. Si la France reste épargnée par le phénomène, les écarts de revenus se sont sensiblement accrus en Allemagne et en Suède
(+0, 05 point).
Mais la croissance des inégalités a été plus marquée encore aux États-Unis (+0, 06 point). À 0, 38, le pays dépasse désormais la Grande-Bretagne de 0, 04 point et affiche un écart de plus de 0, 08 point avec la France et l’Allemagne.

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