L'agriculture n'est pas un fait-divers

21 août 2012

coup de gueule

On a fait croire à l'agriculteur…

On a fait croire à l'agriculteur...

Qu'il devait être avant tout un chef d'entreprise, qu'il devait penser concurrence, marché, filière, produire pour vendre sur les marchés internationaux...

Qu'il devait se "moderniser", acheter des machines et des tracteurs de plus en plus gros, de plus en plus performants...

Qu'il devait dominer la nature, que l'eau ne serait jamais un problème. On ferait partout des retenues d'eau. L'important c'est le marché. Les cours du maïs montent. On fait du maïs...

Qu'il devait se battre contre les "nuisibles". Avec les techniques modernes, il suffirait de traiter avec des insecticides (appelés pesticides pour ne pas dire les choses par leur nom), des fongicides (tuer les champignons)

Qu'il fallait bien "nettoyer la terre", en faisant des labours de plus en plus profonds...

Que l'agriculteur devait se spécialiser, ou éleveur ou agriculteur pour être rentable.

Que l'éleveur devait aussi se spécialiser, volailles ou cochon, vache laitière ou vache à burger pour McDo

Que l'éleveur travaillait pour fabriquer des "produits" standards pour la grande distribution

Mais... on ne lui a pas dit...

Qu'il serait à la merci des cours de la bourse

Qu'il serait pieds et poings liés à l'industrie agro-alimentaire et qu'il deviendrait en tant que producteur la variable d'ajustement

Qu'il allait devoir faire des emprunts et s'endetter de façon irrémédiable pour acheter de nouvelles machines plus performantes, des bâtiments agricoles toujours plus grands

Qu'il perdrait toute autonomie, qu'il devrait suivre les directives de Bruxelles, de l'agro-alimentaire, des banques

Qu'il devrait envoyer sa femme et ses enfants travailler à la ville pour survivre avec l'équivalent d'un maigre SMIG

Qu'il serait seul sur son "exploitation", qu'il n'aurait personne à qui parler de la journée

Les deux derniers "faits divers" rapportés par la presse ne sont finalement que les symptômes de ce qui ne va pas et de la fuite en avant orchestrée par l'industrie, les partisans du libre-échange et de la mondialisation et leurs serviteurs zélés dans les milieux politiques.

Ainsi nous avons le massacre de l'étang du Moura (32) rapporté par Sud-0uest le 20/08/2012

Ainsi nous avons le massacre de 11000 poulets élevés en batterie à Isserpent, relaté par le journal La Montagne le 20/08/2012

Dans les deux cas on accusera la malchance, la malveillance ou la canicule. Surtout ne pas remettre en question notre mode de production. Alors que les solutions existent, ce sont celles pour lesquelles se battent les partisans du retour à une agriculture paysanne de proximité de qualité, qui se battent non pas pour agrandir les exploitations mais pour redistribuer les terres aux jeunes agriculteurs qui ne veulent plus de cette fuite en avant au service des intérêts capitalistes de quelques uns et qui conduisent à la ruine tous.